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« La règle du jeu »
Céline Marin et Maxime Parodi, 2017

Matt Mullican dit que « le dessin traduit une manière de penser » (A drawing translates the way of thinking. New York The drawing center, 2008, p.120). Or, que se passe-t-il lorsque le dessin devient une entreprise commune ? Selon W.J.T Mitchell, le « nous » et le « dessin » se plaisent mutuellement. Comment alors, sous l’effet d’une telle attirance, penser « ensemble » et comment cela se manifeste-t-il dans le mode du dessin ?

Nombreux sont les artistes qui ont travaillé aux XXe et XXIe siècles à l’intérieur de contraintes préétablies ou adoptent un a priori réglant la production de leurs œuvres : structures, grilles, diagrammes, procédures de mises en série, programmes ou protocoles, méthodes ou énoncés performatifs sont autant de façons de « cadrer » le processus artistique. Les règles adoptées sont parfois héritées de la tradition, d’autres fois arbitraires. S’imposer une contrainte c’est s’obliger à emprunter une voie nouvelle. 

Allongé sur le papier, nos idées, nos techniques voir nos interdits ont très rapidement prit la forme d’une sorte de « règle du jeu », susceptible de déclencher la création, de la programmer tout en ménageant une ouverture à l’aléatoire. 

Trouver une base de production, trouver une entente sans s'enfermer dans une thématique a été tout l'intérêt de constituer une banque de donnée de nos dessins à partir d’un protocole. Le principe était d’avoir recours à un générateur de mots en ligne attribuant, pour chaque dessin, trois mots. Chaque artiste a produit à partir de cette pioche aléatoire. Ce protocole permettait une confrontation où les éléments à représenter, issus d'un tiers numérique, n’était pas influencés par l'un ou l'autre des artistes. Il s'agissait de démarrer la collaboration sur un terrain neutre, faisant fi de toute subjectivité sur le fond afin de mieux la révéler dans la forme.

Il s'agissait par ailleurs pour l'un comme pour l'autre de se laisser la liberté de produire en dehors de ses préoccupations habituelles, retrouver le plaisir du "dessin pour le dessin" sans que ce dernier ne s'inscrive dans un plus vaste projet, l'extraire du travail de série commun aux deux artistes.

Cette production représente un terrain d'échange qui a permis la constitution d’une imagerie commune, qui se répond et se complète. Les dessins issus de cette démarche précédemment énoncée permettent alors d'atteindre la finalité du jeu : la réalisation de dessins à quatre mains où l'imaginaire et le style de chacun est impliqué et préservé. 

Chaque dessin et/ou élément serait pioché par un tiers pour les voir se rassembler sur de véritables productions communes créant une farandole de personnages ouvrant sur des récits ou fiction multiples.

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